Déclaration de soutien à Kako Nubukpo (conférence sur le franc CFA)

Monsieur Kako Nubukpo, ancien ministre togolais et désormais ancien directeur de la Francophonie économique et numérique à l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF), a été suspendu, sans traitement, de ses fonctions par Madame Michaëlle Jean, secrétaire générale de la Francophonie, le 4 décembre dernier, suite aux pressions de certains chefs d’Etat africains, dont le président ivoirien Monsieur Alassane Ouattara.
Monsieur Nubukpo a été évincé en raison de ses prises de positions sur le franc CFA. Ainsi, depuis plusieurs années, Il est aux avant-postes de la lutte contre la servitude monétaire, système de la Françafrique hérité et réapproprié de la période coloniale, sans avoir jamais été dépassé. L’administration de l’OIF a beau jeu d’avancer, aujourd’hui, masquée derrière le sacrosaint devoir de réserve qui sied à un fonctionnaire international alors que les positions de Monsieur Nubukpo étaient largement connues et médiatisées avant ses prises de fonction à l’OIF.
En 2016, alors qu’il accédait à son poste, il était en pleine promotion de l’ouvrage dont il a été l’un des co-directeurs : Sortir l’Afrique de la servitude monétaire. A qui profite le franc CFA ? C’est dire s’il faisait mystère de ses engagements. Rappelons que lesdites positions ont déjà coûté à Monsieur Nubukpo son poste dans le gouvernement togolais, à la suite des pressions conjuguées du président ivoirien Alassane Ouattara et des autorités de la BCEAO.
Considérons également que le calendrier électoral et la remise en balance du poste de secrétaire général de la Francophonie, fin 2018, où Madame Jean se retrouve en difficulté, ne sont pas étrangers à l’éviction précipitée de M. Nubukpo. Rappelons que Madame Jean ne faisait pas partie de la délégation d’Emmanuel Macron lors de sa tournée africaine en novembre dernier. La tribune de Monsieur Nubukpo dans le Monde Afrique a achevé de savonner la planche.
Comprenons que ce sont là de petites tactiques électoralistes de huis-clos, signes d’une absence de vision stratégique sur le long terme tandis que Monsieur Nubukpo a toujours considéré que la mission économique dont il avait la charge à l’OIF ne pouvait être découplée de la question monétaire. L’absence, enfin, de neutralité, qui est reprochée à Monsieur Nubukpo, n’est que le miroir de la projection des commanditaires de son exécution publique, décidément indisposés au débat. De quoi ont peur ceux qui étaient au défilé de soutien à Charlie Hebdo en 2015?
Si cette question du franc CFA ne saurait être l’alpha et l’oméga pour conjurer la pauvreté endémique et la mal gouvernance structurelle des pays d’Afrique de l’Ouest, elle réinvente le panafricanisme, elle insuffle un espoir nouveau parmi les jeunes générations, quitte à s’imposer comme marqueur identitaire. En se disant « ouvert », avec du reste fort peu de précautions oratoires, le président français, Emmanuel Macron, l’a bien compris. Il a déminé le terrain, laissant les chefs d’Etat africains seuls face à leurs responsabilités devant l’autel de l’Histoire.
Par-delà l’enjeu économique, la question s’est désormais invitée sur le terrain politique. Il s’agit d’un choix de société par et pour les Africains. Et, face au vent qui se lève jusque dans les amphithéâtres des universités, les présidents africains jouent leur dernier va-tout : cécité et surdité. Le limogeage sec et brutal de Monsieur Nubukpo, partie immergée de l’iceberg, démontre qu’en hauts lieux, il ne saurait y avoir de débats. Circulez, le franc CFA est un non- sujet. Pas sûr que cette posture puisse tenir, au contraire elle nous galvanise au regard du traitement infligé à notre camarade.
Face à cette décision honteuse et inacceptable de la secrétaire générale de la Francophonie, sur instruction de chefs d’Etat africains, nous, participantes et participants à la Conférence internationale de Dakar contre la servitude monétaire et pour la monnaie panafricaine:
 Condamnons avec force la suspension de Monsieur Kako Nubukpo par la secrétaire générale de l’OIF
 Dénonçons l’attitude honteuse de chefs d’Etat africains qui utilisent des institutions régionales ou internationales pour régler des comptes à leurs adversaires
 Exprimons notre entière solidarité et notre soutien indéfectible à M. Kako Nubukpo
 Nous tenons à ses côtés dans cette épreuve pour qu’il soit rétabli dans tous ses droits
 Appelons toutes les forces vives des pays africains de la zone franc à intensifier le combat contre la servitude monétaire
 Demandons des Assises régionales sur l’avenir de cette monnaie, gage d’un débat éclairé où toutes les parties seront représentées, car il y va de l’avenir de la jeunesse africaine.

Dakar, le 16 décembre 2017
La Conférence

Cet article, publié dans actualités, Afrique sub-saharienne, démocratie, Développement, Droits de l'homme, Franc CFA, néo-colonialisme, Sénégal, est tagué , , . Ajoutez ce permalien à vos favoris.

4 commentaires pour Déclaration de soutien à Kako Nubukpo (conférence sur le franc CFA)

  1. Ping : CONFERENCE DE DAKAR :Déclaration de soutien à Kako Nubukpo (conférence sur le franc CFA) – AFRIKANEWSGROUP

  2. Ping : Franc CFA: le limogeage de Kako Nubukpo est inacceptable | Fraternafrique

  3. Ping : Franc CFA : le limogeage de Kako Nubukpo est inacceptable | Entre les lignes entre les mots

  4. UKOU dit :

    mes frères et soeurs

    nous devons sauver l’honneur du maître économitse Kako Nubukpo

    SIGNEZ ET diffusez svp sur les réseaux sociaux cette pétition pour la francophonie :

    https://www.change.org/p/10-conditions-pour-sauver-la-francophonie

    merci
    Dieu vous bénisse

Laisser un commentaire

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur la façon dont les données de vos commentaires sont traitées.